Tant qu'il y aura des enfants il y aura des clowns

« Est-ce que l'on est toujours un clown, une fois démaquillé ? »

Ricky, jeune orphelin, vit dans un centre de rééducation à Guadalajara, où il a été placé après avoir volé sa grand-mère, puis ouvert la cage des oiseaux. Un matin, Cepillín, le clown le plus célèbre du Mexique, vient donner un spectacle au centre de rééducation. Fasciné, Ricky se prend à rêver d'un autre destin et décide de fuguer pour rejoindre Mexico et devenir clown. À la croisée des chemins entre fiction et documentaire, ce film de Reichenbach nous cueille là où l'on ne s'y attend pas : dans notre âme d'enfant. Le voyage de Ricky dépasse la simple quête d'un métier. L'enfant fait plus de mille kilomètres pour retrouver Cepillín, dans un parcours initiatique, où une question profonde se pose en filigrane : avons-nous gardé notre part d'enfant ? Son périple l'amène à vivre mille expériences : une fête traditionnelle, une procession, un match de "lucha libre", la rue et ses enfants voleurs, une fillette qui l'entraîne au zoo, à la fête foraine et au cirque. Mais lorsqu'il retrouve enfin Cepillín, tout n'est pas si simple. Le célèbre clown doute. Enfermé trois jours, incapable d'exercer son art, il confie : « J'ai perdu ma voix d'enfant, je ne fais plus rire. » C'est à travers un voyage commun, ponctué d'échanges dans des lieux empreints de poésie — un monastère, le tronc creux d'un vieil arbre millénaire — que chacun cherche à retrouver ce qui lui manque. Ricky, son rire. Cepillín, sa foi en son métier. Et au bout du chemin, l'enfant est enfin prêt à devenir clown. Grimé par Cepillín, il monte sur scène, d'abord en extérieur, puis sous le chapiteau du cirque. Un film touchant, poétique et inspirant, porté par de magnifiques plans du Mexique sacré et par les questions que pose ce petit orphelin, sur le cirque, notamment celle-ci : pourquoi laisser les animaux sauvages en cage ?