René Clément

« Si je devais faire une dédicace, je la ferais à ceux qui sont morts pour nous aujourd'hui. »

Ce documentaire en noir et blanc de François Reichenbach nous plonge dans le tournage de Paris brûle-t-il ? (1966), où René Clément s'attelle à reconstituer avec minutie l'épopée de la libération de Paris. À travers des images saisissantes, Reichenbach capture le travail rigoureux du cinéaste dirigeant ses acteurs, cherchant à restituer l'émotion et la véracité des événements historiques. Reichenbach en profite pour s'attarder sur des visages, des expressions, des mains nouées, reconstituant, lui aussi, ces moments suspendus entre fiction et réalité. Un commentaire en voix off accompagne ces séquences, mettant en lumière l'approche de Clément, qui insiste sur l'aspect psychologique des personnages. Lors d'une scène en gare de Pantin, il souligne comment de jeunes figurants ont revécu, avec une intensité troublante, le destin de leurs propres parents déportés. Le film donne également la mesure du défi logistique colossal qu'a représenté cette reconstitution : 400 techniciens, 20 000 figurants, une centaine de tanks, 150 000 mètres de pellicule, 35 millions de munitions et 200 000 litres d'essence, pour un tournage de 1 000 heures. Un témoignage dans une mémoire collective, entre cinéma et Histoire, sublimé par les images de Clément et de Reichenbach.